Audition de M. Ernesto Samper, secrétaire général de l’UNASUR, ancien président de la République de Colombie, sur l’Union des nations sud-américaines : état des lieux et perspectives pour les pays latino-américains
Mme Marie-Louise Fort :
J’ai apprécié votre humanisme et votre connaissance de notre histoire commune. 2015 a été une année de crise pour l’Amérique latine, et il semble que 2016 s’inscrive dans une certaine continuité. Sur le plan économique, le Brésil et le Venezuela sont en récession et d’autres, dont l’Argentine, connaissent un ralentissement économique certain. Sur le plan politique, je ne m’attarderai pas sur l’affaire Dilma Rousseff que vous avez déjà évoquée. Au Venezuela, la cohabitation inédite entre le Président chaviste et l’Assemblée d’opposition pourrait porter en germe un conflit interne. 2015 a vu le rapprochement entre Washington et Cuba. Beaucoup d’élections sont prévues dans les mois à venir : Mexique, Equateur, etc. Face à l’hétérogénéité de ces situations économiques et politiques, et dans un contexte où se négocient des accords de libre-échange transatlantiques et transpacifiques très importants, quelle est la pertinence des relations entre l’Europe et les ensembles régionaux sud-américains : MERCOSUR, Communauté andine et à terme l’UNASUR ? Quelle est votre vision sur l’avenir de ces organisations, d’un point de vue économique ?
Ernesto Samper :
Il est certain que la situation économique n’est pas favorable. Nous sommes face à deux grands défis : éviter que les millions de personnes qui étaient sorties de la pauvreté au cours des dix dernières années n’y retombent en raison de la crise économique ; et diversifier nos économies. Nous n’avons pas su consolider nos secteurs tertiaires. De ce point de vue, l’UNASUR a un rôle à jouer. Elle installe le théâtre mais ne participe pas au match. Elle veille à ce que les États de droit, les normes nécessaires soient bien mis en place, de façon à attirer les investissements qui viendront tirer la région. L’UNASUR cherche à développer l’intégration politique régionale à cette fin ; chaque Etat pourra ensuite trouver où ses intérêts le mènent, à l’image du Brésil, qui cherche à développer ses liens avec les BRICS.